Aujourd’hui, je ne vais pas enfiler ma casquette de blogueur lyonnais ou de blogueur déco ; je vais enfiler ma casquette de blogueur en colère ! Pourquoi ? Pour vous parler des huîtres génétiquement trafiquées : les huîtres triploïdes.
Ce qui me connaissent le savent, j’ai une véritable passion pour les huîtres. J’en mange tout le temps. Alors quelle ne fût pas ma colère en découvrant ces huîtres triploïdes. Selon une étude, 50% des huîtres consommées en France sont des huîtres génétiquement modifiées ; selon Capture d’écran. Il y a donc de fortes chances que j’en ai mangé dans certains de mes restaurants préférés à Lyon … et que vous en ayez mangé aussi !
Que sont précisément les huîtres triploïdes ?
L’huître triploïde est une huître qui a été créée en 1997 dans les laboratoires de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Contrairement aux huîtres naturelles qui ne possèdent que deux chromosomes, ces huîtres industrielles en possèdent trois. Pour être précis, une huître triploïde a trois exemplaires de chaque chromosome. Tout comme les humains, une huître normale regroupe ses chromosomes par paires ; c’est ce que l’on appelle une huître «diploïde».
L’objectif de cette manipulation génétique est de les rendre stériles et donc de grandir plus vite. Résultat : une production d’huîtres plus rentable pour l’ostréiculteur qui ose cultiver ces merdes ! De plus, les huîtres triploïdes ne sont pas laiteuses.
Suis-je le seul à me rappeler du diction « On mange des huîtres les mois en «r» » ? Car oui, comme pour les fruits et les légumes, il existe aussi une saisonnalité pour les huîtres. L’huître n’est pas un produit pour se nourrir mais un produit pour se faire plaisir ! Moi j’adore, même si je trépigne d’impatience, attendre le mois de Septembre. Le mois ou tous les bons huîtriers et écaillers lyonnais ré-ouvrent pour nous proposer les premières huîtres de la saison. Hors, avec cette huître « quatre saisons », plus d’attente, plus de saisonnalité … plus de plaisir !
Les huîtres triploïdes sont-elles des OGM ?
Alors, cette huître triploïde est-elle pour autant un organisme génétiquement modifié (OGM) ? La réponse est non. On va plutôt parler d’organisme vivant modifié (OVM).
Ces huîtres ne sont pas obtenues via l’ajout d’une caractéristique nouvelle que l’huître ne possède naturellement ; il n’y a pas d’ajout d’un nouveau gène. Ici, on va « croiser des huîtres diploïdes (deux lots de dix chromosomes), avec des huîtres tétraploïdes (quatre lots de dix chromosomes) dont le nombre de chromosomes a été doublé grâce à des procédés brevetés par l’Ifremer » ; comme l’explique Florence Humbert du magasine Que Choisir.
Ces fameuses tétraploïdes sont aussi obtenues grâce à une manipulation génétique. Jean-François Samain, directeur de recherche de l’Ifremer jusqu’en 2007 explique que : «Les larves tétraploïdes sont obtenues à partir de gamètes fécondés traités de façon chimique. Ce sont des larves « queue de lot », c’est-à-dire les plus faibles, que l’on isole pour donner les futurs géniteurs des triploïdes.»
Du coup, ces huîtres n’étant pas des OGM, les ostréiculteurs ayant recours à ce genre de naissains d’huîtres ne sont pas obligés de l’indiquer sur les étiquettes de leurs produits. Et c’est pour cela que vous avez, sans aucun doute, déjà mangé des huîtres génétiquement trafiquées !
Moi, cela me fait un peu pensé à ce qu’il se passe dans l’agriculture. Un filière où l’on réalise également des modifications génétiques afin d’obtenir des produits homogènes, plus résistants et de meilleurs rendements.
Quels sont les risques liés aux huîtres triploïdes ?
Épidémie d’herpès chez les huîtres
En 2008, la mortalité des huîtres juvéniles (âgées de moins d’un an) a grimpé en flèche à cause l’herpès virus du mollusque, OsHV-1, et de la bactérie vibrio aestuarianus. Ainsi, la production était passée de 130 000 à 80 000 tonnes par an. Dans une interview donnée à Libération, Jean-François Samain s’interrogeait sur les liens de cause à effet entre ces nouveaux modes de production et cette épidémie.
«On a fait survivre des larves qui n’auraient pas dû survivre. Or une faiblesse physiologique peut entraîner un problème de défense immunitaire. Les huîtres issues du brevet 2007 seraient-elles plus faibles que celles obtenues avec le précédent brevet, et donc plus sensibles aux pathogènes ?»
Ce brevet de 2007 a remplacé le brevet exploité depuis 1997 par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer. Déposé en 1995 aux Etats-Unis, ce dernier a été abandonné lorsque l’Ifremer a mis au point sa propre méthode de production des triploïdes ; c’est le procédé dont je vous parlais précédemment.
Un organisme juge et parti … jusqu’en 2017
Vous l’aurez compris, l’Ifremer exploite ce brevet et commercialise donc les fameux tétraploïdes. Le problème, c’est que cet institut est aussi en charge de de la surveillance du milieu ostréicole … Comment peut-on être neutre dans ces conditions ?
Face à ce conflit d’intérêt, l’Ifremer a entamé un « retrait progressif de cette production ». Elle reconnait que « cette activité de production […] peut induire une confusion préjudiciable. » Il aura donc fallu dix ans pour y remédier …
Mais alors, qui va produire ces fameux tétraploïdes permettant de créer les huîtres triploïdes ? Des sociétés privées que l’on appelle des écloseurs. Ce fait induit un nouveau problème : qui va s’assurer que ces tétraploïdes ne soient pas jetés n’importe où et ne se propagent pas dans l’environnement ?
Des risques environnementaux
Jusqu’à présent, l’Ifremer demandait aux écloseries de détruire ou de restituer les tétraploïdes après utilisation. Gageons que ces obligations étaient respectées et surveillées. Mais aujourd’hui ? Qui va contrôler cela ? Qui va nous garantir qu’il n’y ait pas de fuite de tétraploïdes dans la nature ?
Si de telles espèces se retrouvaient dans la nature, nous devrions peut-être faire face à une catastrophe écologique. Nous serions face au risque que les tétraploïdes se reproduisent avec des huîtres diploïdes « sauvages » ; et donnent ainsi naissance à des huîtres triploïdes. Des huîtres triploïdes qui, rappelons-le, sont stériles.
Les huîtres naturelles pourraient alors complètement disparaître. Les ostréiculteurs seraient alors entièrement dépendants des écloseries. A l’instar des agriculteurs avec Monsanto.
Ainsi, espérons que le Comité national de conchyliculture (CNC) puisse aller au bout de ses démarches : racheter ce brevet et en assurer le contrôle.
Mon Top 3 des restaurants lyonnais où manger des huîtres
Pour ne pas terminer sur cette note alarmiste, si ce n’est dramatique, je vous propose de découvrir mon Top 3 des restaurants Lyonnais où j’aime aller manger des huîtres.
Restaurant Huîtres Lyon N°1 – Les Halles Paul Bocuse
En tête de ce classement, non pas un mais plusieurs restaurants et écaillers des Halles Paul Bocuse. Rien de mieux que d’aller faire ses courses aux Halles le dimanche matin et de s’offrir quelques douzaines d’huîtres ! Personnellement, j’ai une petite préférence pour Merle. J’aime y déguster des huîtres sur le pouce. Si j’ai un peu plus de temps, je m’arrête à la Maison Rousseau ; bien que le service soit un peu « léger ».
Adresse des Halles Paul Bocuse : 102 Cours Lafayette, 69003 Lyon
Restaurant Huîtres Lyon N°2 – Chez Moss
Mon deuxième restaurant lyonnais est une institution. Chez Moss est une brasserie chic servant aussi bien des fruits de mer que du poisson. Idéal pour y aller avec des amis qui ne mangent pas d’huîtres.
Mon menu préféré ? Le menu Perle composé d’amuses bouches, d’un plateau de fruit de mer et de noix de Saint Jacques. Le repas se termine avec une farandole gourmande et une petite surprise. Avec le dessert, le serveur vous apporte une huître perlière du Japon. Ouverte devant vous, l’huître dévoile une jolie perle de nacre fabriquée naturellement.
Adresse de Chez Moss : 2 Rue Ferrandière, 69002 Lyon
Restaurant Huître Lyon N°3 – Bistrot Jutard
Le midi, en saison, je vais déguster quelques huîtres au Bistrot Jutard, sur le plateau de la Croix Rousse. L’écailler du Jutard y installe son étale du mois de Septembre au mois de Mai. Il propose des huîtres mais aussi des fruits de mer et des coquillages. Idéal pour se régaler en prenant un petit bain de soleil en terrasse avant de retourner travailler !
Adresse de Chez Moss : 2 Rue de la Terrasse, 69004 Lyon
N’hésitez pas à partager vos bonnes adresses pour manger des huîtres à Lyon ! Bonne dégustation à toutes et à tous !