Tous les lyonnais connaissent désormais les services de location de trottinettes électriques. Lime, VOI, Tier, Flash ou Wind se sont installés dans la capital des Gaules depuis quelques mois. Aussi, aujourd’hui, j’enfile ma casquette d’influenceur Lyonnais pour étudier la viabilité de ce type de service.
Comme le soulignait Matt Yglesias sur Vox, les trottinettes éléctriques “ont un rôle légitime à jouer en offrant une option de transport direct de point à point, moins exigeante physiquement qu’une bicyclette, plus propre qu’une voiture et plus petite que les deux”.
Ayant acheté et utilisant une trottinette électrique tous les jours à Lyon, je ne peux qu’être d’accord avec cette affirmation. Mais, hélas, les trottinettes électriques en location ne seront peut-être pas là très longtemps. Non pas parce que les villes les interdisent, mais parce que cette activité semble être un gouffre financier. Selon Alison Griswold de Oversharing, une trottinette électrique coûte en moyenne 320 euros à l’achat. Cependant, il ne faut seulement que 28 jours avant qu’elle ne tombe en panne, ne soit volée ou vandalisée. De plus, le prix d’achat de la trottinette est alourdi par les frais et licences payés aux municipalités.
Trottinettes électriques : le début de la fin ?
Les trottinettes électriques Bird déployées pour un usage commercial partagé, du moins au début, étaient des appareils Xiaomi renommés (les xiaomi m365). Ils étaient destinés à être utilisés par un seul propriétaire avec une limite de poids de 100 kilos.
Cette trottinette électrique Xiaomi a également été conçue pour être utilisée par temps doux et sur des surfaces planes. Ces trottinettes électriques ultra légères n’étaient absolument pas conçues pour être utilisées plusieurs fois par jour, faire autant de kilomètres par jour, quelles que soient les conditions météorologiques et sur tous les terrains par des personnes qui portent des sacs ; ou n’hésitent pas à monter à deux sur les engins. Pour info, leur vitesse est bridée à 25 km/h.
Aujourd’hui, les entreprises comme Lime ou Bird proposent des trottinettes électriques plus solides et plus sûres. Des engins qui ne freinent pas brusquement comme certains appareils de Lime, lorsque les gens “dévalent une pente à toute vitesse en affrontant un nid-de-poule ou un autre obstacle”. Cette petite patinette électrique que l’on voit dans la rue a donc déjà évolué compte tenu des usages.
Tipster Hugh suggère que les trottinettes électriques ne sont rien d’autre que des lubies de gestionnaires de fonds de capital-risque. Selon Seeking Alpha, elles ont en effet attiré beaucoup d’investissements: “Lime, ou Neutron Holdings Inc., ont organisé de nombreuses réunions d’investisseurs et ont laissé entrevoir une valorisation de plusieurs milliards de dollars. Uber Technologies Inc. a déjà investi 1,1 milliard de dollars. ” Google a aussi investi plusieurs centaines de millions de dollars dans Lime.
Le vandalisme
Les trottinettes électriques constituent une nouvelle approche fascinante en matière de transport alternatif. Elles sont rapides, elles sont faciles à utiliser, elles sont petites, etc. Mais certaines personnes les détestent. Comme Vivian Ho écrit dans le Guardian de San Francisco.
« Pour ceux qui les détestent, elles sont comme une invasion d’un futur robot dystopique. Pour leurs fans, ils représentent l’avenir du transport urbain ; un moyen de transport vert, une technologie de pointe et divertissante. Ce qui est indéniable, c’est que le déploiement peut difficilement être décrit comme étant lisse, avec des justiciables décriant ce qu’ils décrivent comme l’orgueil typique de l’industrie technologique des entreprises profitant des espaces publics ; et exprimant leur mécontentement par le vandalisme. Ainsi, certains ont défiguré les véhicules électriques avec des autocollants profanes et des excréments. D’autres les ont jetés dans des poubelles et des arbres. »
Beaucoup de détracteurs leurs reprochent d’être abandonnées partout et constituent un risque de chute. Mais comme je l’ai déjà dit, toutes les personnes qui marchent, font du vélo ou de la trottinette se disputent les miettes laissées par ceux qui conduisent. S’ils avaient leur juste part, il n’y aurait pas ces problèmes ; ou en tout cas, il y en aurait beaucoup moins.
Le cas Scoot Networks
Une entreprise, Scoot Networks, va essayer de trouver des parades au vandalisme. La société avait constaté que 200 trottinettes électriques avaient été vandalisées ou volées dans les deux semaines suivant leur lancement. Selon le Wall Street Journal, ils ne s’attendaient pas à cela. «Notre hypothèse était en partie que si le taux de vol est vraiment très élevé et que le taux de vandalisme est aussi très élevé, il est impossible que cette activité soit rentable», a déclaré PDG Michael Keating. “Mais nos estimations se sont révélées être des sous-estimations.”
Même le fabricant de trottinettes, Tony Ho, de Segway-Ninebot, se demande comment des entreprises comme Bird ou Lime réussiront si elles ne sont pas rachetées par un géant comme Uber. Selon le Financial Times, Tony Ho a déclaré qu’une telle prise de contrôle était vitale pour que le partage de trottinettes devienne une entreprise viable, ajoutant que ce n’était “qu’une question de temps” avant que les nouvelles entreprises ne rencontrent le même type de problèmes de trésorerie que la société chinoise de partage de vélo sans dock Ofo.
Trottinettes électriques : la cohabitation
Il est temps de repenser les rues et les trottoirs de nos villes pour faire de la place aux modes de transport alternatifs. Mais que faire ? En fait, la solution est assez simple et il suffit de regarder ce qu’il se fait outre Atlantique.
Aux Etats-Unis, dans des villes comme Austin ou San Francisco, des pistes cyclables plus larges et protégées ont été créées. Pas ces semblants de pistes cyclables que nous avons à Lyon. A Lyon, les pistes cyclables ont été ajoutées n’importe comment et n’importe où. Résultat : les personnes à vélo ou sur une trottinettes se mettent en danger quotidiennement. Circulant parfois de front, sur la même voie de circulation, avec les automobilistes. Et je ne parle pas des nombreux trous et crevasses.
Les villes commencent aussi à créer des espaces de rechargement qui permettent de concentrer les trottinettes électriques au même endroit. Plus simple encore : élargir les trottoirs ; sans toutefois congestionner le trafic automobile.
Trottinettes électriques : ce que dit la loi
Vous êtes-vous déjà demandé, non pas si les trottinettes pouvaient, mais où devaient circuler les trottinettes électriques ? Le question est compliquée car un flou juridique existe.
La trottinette électrique n’est pas considérée comme un véhicule. Ce sont des “engins de déplacement personnels électriques”. Du coup, la loi leur interdit de circuler sur la voie publique ; aussi bien sur les trottoirs que sur les pistes cyclables ou les voies de circulation. Bref, selon la loi, il serait impossible de rouler avec …
Seule la circulation sur les voiries privées est autorisée. Cependant, les trottinettes électriques entrent aussi dans la catégorie des engins motorisés. Pour rouler sur les voies publiques, elles devraient donc être immatriculées.
Compte tenu de ce flou, les trottinettes électriques sont “tolérées sur les pistes cyclables jusqu’à 25 km/h ainsi que dans les zones piétonnes et même sur les trottoirs à une allure modérée (une vitesse de pointe de 6km/h).”
Par ailleurs, selon les textes de loi, il n’est pas possible d’être verbalisé pour « usage d’une trottinette électrique ». Seul un comportement dangereux peut être puni d’un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende.
Depuis plusieurs mois, la ministre des Transports Élisabeth Borne prévoit de mettre un peu d’ordre dans tout cela. La loi d’orientation des mobilités (LOM) devrait préciser les pratiques concernant les “engins à assistance électrique de déplacement personnels et le free-floating”.
Trottinettes électriques versus Vélo’v : le moins cher
Grosso modo, le prix des différents services de location de trottinettes électriques à Lyon est le même. Mais les trottinettes électriques sont-elles plus chères ou moins chères que le Vélo’v ?
La location d’un “scooter électrique” coûte un euro puis la minute d’utilisation est facturée 15 centimes. Du coup, pour un petit trajet de 10 minutes, une trottinette électrique vous coûtera 2,5 euros. Avec un Vélo’v, pour le même trajet, c’est un peu plus compliqué. Il faut savoir qu’avec un ticket de transports en communs, vous aurez le droit à 30 minutes offertes ; donc ce trajet vous reviendra à 1,80 euros.
Alors, pour une heure ? Qui est le plus cher ? Sur cette durée, la trottinette vous sera facturée 10 euros. Tandis qu’une heure de Vélo’v vous sera facturée 3,30 euros. Mais le prix pour les abonnés sera un peu moins important.
Quoi qu’il en soit, le Vélo’v est bien moins cher que la location d’une trottinette chez Lime, VOI, Tier ou Flash, Wind.
Trottinette électrique : rentable ou pas ?
Enfin, concluons avec la réponse à notre question de départ. Les trottinettes électriques sont-elles un gouffre financier ? Vous l’avez vu, une trottinette électrique coûte en moyenne 320 euros. Il ne faut que 28 jours avant qu’elle ne tombe en panne ; ou ne soit volée. Autre paramètre : une heure rapporte 10 euros à la société qui la loue. Enfin, un Limer (celui qui recharge les trottinettes est payé environ 7 euros par recharge.
Si la trottinette est louée 2 heures par jour, la société va encaisser 20 euros ; auxquels il faut soustraire 7 euros de rechargement. En 28 jours, la société va donc encaissé 392 euros ; soit un montant supérieur au prix d’achat des machines.
Ainsi, il fort probable que cette activité soit rentable ! D’abord parce que le nombre d’heure de location est sans doute plus important que celui de mon exemple. Une trottinette peut rouler entre 40 km et 45 km par jour. Ensuite parce que le taux de vol ou de détérioration n’est pas si important ; d’autant plus que ces sociétés sont certainement assurées pour cela. Reste à connaitre le montant des redevances payées aux municipalités.
Enfin, si je peux vous donner un conseil : faites comme moi. Ne louez pas votre trottinette. Achetez votre propre trottinette électrique pliable si vous en avez besoin quotidien. Dans mon cas, je l’utilise une heure par jour. Cela me coûterait donc 10 euros par jour de location. Je l’utilise en moyenne 20 jours par mois. Donc la location me reviendrait à 200 euros par mois. L’ayant payée 690 euros, j’ai amorti mon achat en moins de 4 mois !
La trottinette électrique en free-floating (lime, bird, etc.) est un gouffre financier, si effectivement on l’utilise tous les jours. Ce type de service est intéressant pour des déplacements occasionnels.
Si quelqu’un souhaite utiliser une trottinette électrique quotidiennement, autant qu’il en achète une… Il y a de nombreux modèles pour toutes les envies.
Bonjour, l’article est très intéressant. Il est vrai que les trottinettes électriques deviennent un vrai problème dans les grandes villes sur plusieurs points. La sécurité routière, l’écologie, le monoploe des entreprises étrangères sur ce marché sans parler que c’est aussi une source de conflits entre les usagers. Il faudrait un meilleur encadrement sur tous ses points.
Les trottinettes électriques peuvent varier en termes de durée de vie et de risques de vol, ce qui influence leur rentabilité. Les revenus de location et les coûts de recharge peuvent également varier. Il est donc difficile de conclure si les trottinettes électriques sont un gouffre financier ou non, car cela dépend de plusieurs facteurs.