Vous connaissez le tourisme macabre, que l’on appelle aussi dark tourism ? Cette tendance est de plus en plus présente ces dernières années. Aujourd’hui, j’enfile donc ma casquette de blogueur voyage pour vous en parler. Vous allez voir, vous en avez peut-être déjà été un touriste morbide sans le savoir.
Il existe de nombreuses destinations morbides populaires auprès des dark tourists du monde entier ; de Ground Zero à New York aux camps de concentration, en passant par Tchernobyl. Cette pratique n’est pas non plus très éloignée de l’exploration urbaine. L’urbex est également en plein boom depuis plusieurs années.
Définition du tourisme macabre ou dark tourism
Le tourisme macabre ou dark tourism est une activité pratiquée par des personnes qui aiment visiter des lieux historiquement associés à la mort ; mais aussi à des tragédies. Ce terme a été inventé par Lennon et Foley en 1996 à Glasgow. Tous deux sont membres du département de gestion de l’hôtellerie, du tourisme et des loisirs de la Glasgow Caledonian University.
Les deux professeurs estiment que ces visites sont «motivées par le désir de rencontres réelles ou symboliques avec la mort». Le terme thanatourisme a quand à lui été utilisé pour la première fois en 1996 par AV Seaton.
Selon au professeur Lennon, ce côté sombre du tourisme n’a rien de nouveau. Je pense par exemple aux personnes qui, à l’époque, allaient assister à des combats de gladiateurs dans le Colisée romain. Aussi, je pense aux personnes qui se déplaçaient pour assister à des exécutions publiques ; par décapitation par exemple. Plus récemment, à Paris, de nombreux touristes font la queue pour aller visiter une petite portion des catacombes. L’objectif : frissonner à la vue des cranes et des squelettes. A Lyon, l’ossuaire de la chapelle Sainte-Croix aux Brotteaux est également très fréquenté.
Ensuite, en 2014, de nombreuses études sur les définitions, les étiquettes et les sous-catégories, telles que le tourisme holocaustique et le tourisme esclavagiste ont été élaborées par des auteurs de littérature touristique. Je vous parlerais plus tard de trois grandes familles ; le tourisme autour des catastrophes, le tourisme des bidonvilles et le tourisme de guerre. Mais il en existe bien d’autres …
Une véritable économie se développe autour du tourisme macabre
Philip Stone et Richard Sharpley, du département du tourisme et des loisirs de la Lancashire Business School de l’Université de Central Lancashire, au Royaume-Uni, se sont intéressés au business de développant autour du tourisme macabre.
Philip Stone et Richard Sharpley ont publié de nombreux articles dans ce domaine ; sans toutefois mener de recherche empirique. Ensuite, ils ont également fondé un institut pour le dark tourism.
En 2005, Philip Stone suggéra que « dans la société contemporaine, les gens consomment régulièrement la mort et la souffrance sous forme touristique ; apparemment sous le couvert de l’éducation et/ou du divertissement. »
Ensuite, Philip Stone expliquait aussi qu’il existait désormais une “gamme de produits pour le tourisme macabre”. Ainsi, sa typologie des sites touristiques liés à la mort comprend sept différents types. Ils sont classés en fonction de la noirceur du lieu. On y retrouve des usines, des expositions, des cachots, des cimetières, des sanctuaires, des lieux de génocide, etc.
Enfin, en 2008, Stone et Sharpley ont émis l’hypothèse que le fait de se réunir dans des lieux associés au deuil et à la mort dans un tourisme macabre représente l’immoralité.
Tourisme macabre : le tourisme autour de catastrophes
Le tourisme autour des catastrophes, ou disaster tourism, consiste à visiter des lieux dans lesquels une catastrophe environnementale, naturelle ou provoquée par l’homme, s’est produite. Généralement, les sites touristiques les plus fréquents sont les zones entourant les éruptions volcaniques.
Les défenseurs de ce type de dark tourism, affirment souvent que la pratique sensibilise l’opinion publique à l’événement. Aussi, cela stimule l’économie locale et informe le public sur la culture locale. Cependant, du côté des détracteurs du tourisme macabre, c’est plus l’argent que la stricte vérité historique qui domine dans ce type d’activités touristiques. Aussi, très souvent les touristes sont taxés de voyeuristes.
Globalement, l’effet de ce type de tourisme sur l’économie locale est nuancé. Les retombés ne sont pas les mêmes si le site est géré par les autorités locales ou des bénévoles et si le site est exploité par des tours opérateurs.
Réalité virtuelle dans le tourisme de catastrophe
Désormais, il est aussi possible de faire du tourisme macabre en réalité virtuelle. En septembre 2017, l’ouragan Maria a dévasté la République dominicaine et Porto Rico. On estime que l’ouragan Maria a causé 4 645 morts au total. A Porto Rico, il a causé des dommages matériels totalisant 94 milliards de dollars et déplacé environ 60000 personnes.
Le 9 octobre 2017, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, et la responsable de la réalité virtuelle de Facebook, Rachel Franklin, ont utilisé un flux en direct pour présenter la nouvelle application de VR de Facebook ; Facebook Spaces. Ils ont alors proposé une visite virtuelle des zones dévastées de Porto Rico.
Cependant, la perception de cette initiative par le public a été clairement négative. Facebook a notamment été critiqué pour le choix de cette destination. Aussi, le réseau social a été critiqué pour son ton un peu trop « jovial » utilisé lors de cette présentation.
Tourisme macabre : le tourisme bidonville ou slum tourism
Le tourisme dans les bidonvilles, ou tourisme dans les ghettos, est un type de tourisme macabre qui consiste à visiter des zones pauvres.
Centré à l’origine sur les bidonvilles de Londres et de Manhattan au XIXe siècle, le tourisme dans les taudis est devenu de plus en plus important dans de nombreux endroits ; notamment en Afrique du Sud, en Inde, au Brésil, en Pologne, au Kenya, aux Philippines, aux États-Unis et ailleurs.
Le dictionnaire anglais d’Oxford date de la première utilisation du mot slumming à 1884. À Londres, des visiteurs se sont rendus dans des quartiers pauvres comme Whitechapel ou Shoreditch afin d’observer la vie dans ces conditions.
Dans les années 1980 en Afrique du Sud, les résidents noirs ont organisé des visites de bourgs dans le but de sensibiliser les blancs des gouvernements locaux au mode de vie de la population noire. Ensuite, ces circuits ont attiré des touristes internationaux qui souhaitaient en savoir plus sur l’apartheid.
Au milieu des années 90, on a commencé à organiser des tournées internationales dans les régions les plus défavorisées des pays en développement ; souvent appelées bidonvilles. Au Cap, par exemple, plus de 300000 touristes visitent la ville chaque année pour visiter les taudis.
Enfin, avant la sortie de Slumdog Millionaire en 2008, Mumbai était une des destinations favorites pour le slum tourism.
Le cas Real Bronx Tours
En 2013, une société appelée “Real Bronx Tours”, proposant des visites guidées dans le Bronx, en Amérique du Nord, a suscité la controverse.
Elle était présentée comme une balade dans un véritable ghetto de la ville de New York. La ville était réputée pour le trafic de drogues, les gangs, les crimes, etc. La présidente de l’arrondissement, Ruben Diaz Jr. et la conseillère Melissa Mark-Viverito, ont condamné ces visites. “Utiliser le Bronx pour vendre ce type d’expérience aux touristes est totalement inacceptable. Cela constitue une insulte aux communautés que nous représentons.” Les visites ont rapidement été interrompues.
Tourisme macabre : le tourisme de guerre
Le tourisme de guerre consiste en un voyage dans des zones de guerre actives ou anciennes pour des visites touristiques ou des études historiques. Le tourisme de guerre est également un terme péjoratif pour décrire la recherche de sensations fortes dans des lieux dangereux et interdits.
Cependant, cette branche du dark tourism n’est pas nouvelle. Henry Gaze est l’un des premiers agents de voyage, à avoir créé un circuit incluant le champ de bataille de Waterloo en 1854.
Ainsi, bien évidement, la première guerre mondiale n’échappe pas au dark tourisme. Au début de la Première Guerre mondiale, il devint évident qu’après la guerre, les champs de bataille connexes attireraient une attention considérable des touristes potentiels. Bien que des cas de tourisme de guerre pendant la Grande Guerre aient été documentés, ils sont restés limités en raison de l’opposition des autorités françaises.
Ensuite, Thomas Cook a commencé à proposer des circuits sur les champs de bataille de la seconde guerre avant la fin du conflit. D’autres agences de voyage lui on ensuite emboîté le pas.
Pendant la guerre de Crimée, des touristes conduits par Mark Twain se sont rendus dans la ville détruite de Sébastopol.
Endin, un grand nombre de guides sur les champs de bataille ont été édités par diverses agences de voyages ; alimentant ainsi la montée du tourisme de guerre. Une étude de 1936 a mis en lumière le fait que la majorité des touristes de guerre étaient motivés par la curiosité ; ou rendaient hommage à leurs parents décédés.
Exemples de destinations pour le tourisme macabre
Ainsi, comme je vous le disais, les destinations pour le tourisme macabre sont nombreuses. Il y a les châteaux, les champs de bataille, d’anciennes prisons, des lieux d’exposition, des sites de catastrophes naturelles ; ainsi que des lieux où se sont produites des catastrophes nucléaires, des génocides, des camps de concentration, des lieux d’internement, etc.
Pompéi
Lorsque le volcan voisin, le mont Vésuve, est entré en éruption en 79 après JC, l’éruption a enseveli la ville de Pompéi et la ville voisine d’Herculanum.
Bien que Pompéi ait été redécouverte pour la première fois en 1599, le tourisme n’était pas envisageable ; jusqu’à ce que l’ingénieur espagnol Rocque Joaquin de Alcubierre procède à une fouille bien plus importante en 1748. Une fouille qui révéla de nombreuses structures remarquables, comme un théâtre romain entièrement intact.
Aujourd’hui, Pompéi appartient au parc national du Vésuve et est l’un des sites touristiques les plus populaires d’Italie ; attirant environ 2,5 millions de visiteurs par an.
Incident de Hindenburg
Le 6 mai 1937, le dirigeable allemand LZ 129 Hindenburg s’enflamme au cours d’une tentative d’accostage à la base aéronavale de Lakehurst. La cause de l’incendie étant inconnue et le nombre de morts estimé à trente-sept passagers, la catastrophe de Hindenburg est devenue l’une des plus importantes de l’époque.
Aujourd’hui, une plaque de bronze et de ciment délimite le lieu de l’incident. Immédiatement à l’est du lieu de l’accident, des volontaires de la Société historique de Navy Lakehurst organisent des visites publiques du Hangar historique n°1 ; le lieu où a été conservé le Hindenburg.
Explosion du réacteur de la centrale de Tchernobyl
Le matin du 26 avril 1986, le réacteur numéro quatre de la centrale nucléaire de Tchernobyl a explosé ; produisant des matières radioactives en suspension dans l’air et un incendie qui durera 10 jours.
L’explosion de Tchernobyl a provoqué des dizaines de décès directs et des milliers de décès indirects. Dans la foulée, 350000 habitants ont été déplacés ; de Tchernobyl et de la ville voisine de Pripyat. Les trois autres réacteurs de la centrale de Tchernobyl ont continué à fonctionner à l’époque. Ils ont été progressivement arrêtés jusqu’à la fermeture de la centrale en 2000.
Pour en savoir plus, je vous conseille de découvrir tous mes reportages à Tchernobyl et Pripyat.
La société de voyages basée en Ukraine, SoloEast Travel, organise actuellement des visites d’une journée dans la zone d’exclusion de Tchernobyl. C’est une zone de 1 000 km2. Ces visites suscitent des controverses car, malgré les affirmations de SoloEast Travel selon lesquelles les zones accessibles au public entourant la centrale sont faiblement radioactives et réputées sûres. Un certain nombre de scientifiques tiers sont en désaccord avec cela.
Déversement de pétrole par l’Exxon Valdez
En 1989, le pétrolier Exxon Valdez a frappé le récif Bligh de l’Alaska, dans le détroit de Prince William, provoquant une fuite de pétrole brut.
Le déversement a tué des centaines de loutres de mer, de phoques et d’aigles ; ainsi que des centaines de milliers de poissons dans les jours qui ont suivi le déversement. Bien qu’il ne s’agisse pas de la plus grande marée noire au monde, la marée noire d’Exxon Valdez est généralement considérée comme la plus notoire de l’histoire américaine.
La compagnie familiale Stan Stephens Cruises organise des excursions sur les glaciers Prince William Sound qui mettent en lumière l’histoire entourant la marée noire d’Exxon Valdez et ses conséquences.
Oradour-sur-Glane
Le 10 juin 1994, la guerre touchait à sa fin, les troupes alliées venaient de prendre d’assaut les plages de Normandie ; achevant ainsi la plus grande invasion maritime de l’histoire et changeant le cours de la guerre.
La majorité de l’Europe reprenait espoir. Mais juste au moment où se déroulaient ces célébrations, une tragédie s’est produite dans le petit village français d’Oradour-sur-Glane.
Les hommes, les femmes et les enfants du village ont été rassemblés par les SS Waffen et massacrés. 642 personnes ont été tuées ; certaines asphyxiées, certaines mitraillées et d’autres brûlées vives.
Les femmes et les enfants ont été rassemblés et détenus dans l’église locale que les SS ont verrouillée et incendiée. Aujourd’hui, si vous entrez dans l’église, vous pouvez toujours voir une poussette aplatie, laissée à la place où elle avait été trouvée ; devant l’autel.
Entrer dans le village, c’est comme traverser le temps. Tous les restes ont été laissés là afin de rappeler la tragédie qui s’y est produite.
Ces événements sont encore entourés de mystère. Personne ne sait pourquoi cette petite ville a été choisie pour vivre cette horreur ultime. Les théories sur l’or russe et les meurtres par vengeance demeurent controversées. Nous ne pourrons peut-être jamais savoir pourquoi ce village a été choisi.
Ouragan Katrina
Fin août 2005, l’ouragan Katrina a dévasté la ville américaine de la Nouvelle-Orléans. Bien que 80 à 90% de la population ait été évacuée auparavant, de nombreuses personnes ont perdu la vie.
Une décennie après l’incident, les effets de l’ouragan Katrina sont toujours visibles et catastrophiques. De nombreuses entreprises proposent des circuits en bus dans les régions encore sinistrées ; les critiques affirment que ces circuits entravent les efforts des secours.
Eruption d’Eyjafjallajökull
Eyjafjallajökull, en Islande est entré en éruption le 20 mars 2010. À cette époque, environ 500 agriculteurs et leurs familles des régions de Fljótshlíð, Eyjafjöll et Landeyjar ont été évacués du jour au lendemain. Le 14 avril 2010, Eyjafjallajökull est entré en éruption pour la deuxième fois ; nécessitant l’évacuation de 800 personnes.
À la suite de la première éruption, les agences de voyage ont proposé des excursions pour voir le volcan. Cependant, le nuage de cendres de la deuxième éruption a perturbé le trafic aérien au-dessus de la Grande-Bretagne et de la majeure partie de l’Europe septentrionale et occidentale ; rendant difficile l’accès à l’Islande.
Le pont du suicide de Milton
Près du village calme et paisible de Milton, en Écosse, se trouve un pont mystérieux. Pour des raisons inconnues, ce pont attire les chiens suicidaires depuis les années 1960.
Des témoins ont vu un certain nombre de chiens sombrer dans une mort atroce au même endroit sur le pont. Ce qui est encore plus étrange, et ajoute à la théorie selon laquelle il s’agit de suicides plutôt que d’accidents anormaux, c’est qu’on peut parfois voir ces chiens grimper sur le mur du parapet avant de faire leur saut. Certains chiens ont même la chance de survivre à leur saut et retournent sur le pont pour tenter un deuxième saut.
La société écossaise pour la prévention de la cruauté envers les animaux est même allée jusqu’à envoyer des enquêteurs sur le pont pour déterminer la cause de ces suicides de chiens. Ils ont également été incapables d’expliquer la cause de ce comportement bizarre.
Le festival des expériences de mort imminente
Il y a beaucoup de festivals bizarres et étranges dans le monde, mais aucun n’est aussi étrange que le Festival des expériences de mort imminente. Il se déroule dans le petit village d’As Nieves, en Espagne, tous les ans en Juillet.
Le festival ou les fêtes de Santa Marta de Ribarteme, comme l’appellent les habitants abrite toutes sortes d’événements et d’activités étranges. Des idoles en feu, des courses de taureaux, des combats de tomates et des batailles de vins sont quelques-uns des événements amusants qu’une journée de ce festival vous réserve.
Des personnes de partout dans le monde, ayant vécu une expérience de mort imminente, font le voyage dans ce village espagnol. Ils y viennent accompagnés de leurs amis et leur famille. Une fois arrivés, ils sont mis dans des cercueils et font les morts. Leur famille porte ensuite leur cercueil dans les rues locales, entourés d’une procession de personnes en deuil.